Depuis que j'avais ma fille, je demandais plus souvent qu'autrement de travailler durant la soirée et une partie de la nuit en l’occurrence. En fait, je n'avais jamais d'horaire très précis, ça dépendant souvent du nombre de clients, mais le gérant de la taverne devait quand même avoir un certain nombre de danseuses pour la journée, et un autre pour la soirée. Je faisais partie de celles qui s'occupaient du soir, parce que je voulais passer la journée avec ma petite fille de quelques semaines. Elle était mon rayon de soleil, celle qui me motivait pour encore travailler. Je ne le faisais plus pour survenir à mes propres besoins, je le faisais pour elle à présent, dans l'espoir de pouvoir lui offrir quelque chose de plus heureux au bout du compte.

Après une journée avec elle, à jouer, la regarder faire ses premiers sourires, je devais malheureusement me rendre au travail. Un travail dégradant, dégoûtant pour certains, mais pour le moment, à mon avis, c'était le seul qui me permettait de gagner un peu d'argent afin de survenir aux besoins de ma fille. Avant de partir pour l'hôtel, où j'étais capable de me rendre à pied, j'allai déposer ma petite princesse chez ma voisine, qui se faisait un plaisir de la garder à chaque soir où je devais travailler. Je pouvais aller la reprendre sans problème quand je terminais de travailler, puisqu'on avait finalement fait un accord en faisant une porte qui réunissait nos deux appartements et qui me permettait d'entrer et de prendre ma fille sans faire de bruit. J'aimais beaucoup ma voisine, c'était une vieille femme retraitée qui avait toujours adoré les enfants, mais qui n'avait jamais pu en avoir. Je me sentais en confiance avec elle, et je l'assurais à tous les jours que c'était temporaire, sans oublier de grandement la remercier. Ensuite, je partais pour aller travailler.

Partir pour le boulot, ce n'était jamais une expérience très excitante pour moi. Nouvelle maman, j'aurais voulu passer la journée et la soiré en compagnie de ma petite Mackenzie, mais je n'avais pas le choix de partir et d'aller travailler. Alors que je tentais d'effacer ces pensées un peu noires de mon esprit, j'arrivai devant l'hôtel, toujours aussi dégoûtée d'être réduite à un jouet alors que je me trouvais dans un hôtel plus que luxueux, alors que moi, j'étais condamnée à vivre avec le minimum. Je me rendis dans le hall d'entrée, et j'allai voir qui y travaillait aujourd'hui, parce que je commençais à connaître un peu les autres employés, comme eux me connaissaient. Je souris en voyant qu'il s'agissait de ma meilleure amie, Spencer. J'arrivai au moment où un homme racontait qu'il était incapable de garder une femme, qu'il avait six enfants. Il me faisait dos, je me permis donc de faire une grimace à Spencer, et une fois qu'il fut parti, je m'approchai d'elle, et je dis:

- Une chance que ce n'est pas lui, le père de ma fille, il aurait bien fait une crise cardiaque en sachant qu'il en a un septième !

Je souris de plus belle, et je dis:

- Alors, comment tu vas ?